" Trois associations d’environnement du pays Granvillais :
Granville et Pays de Granville Environnement, Donville Protection Environnement et Patrimoine et Veille Yquelonnaise, se sont concertées pour apporter leur avis sur l’étude présentée à
l’enquête publique sur le projet de ZAC DU TAILLAIS à Yquelon .
L’analyse porte sur les principaux objectifs présentés à l’enquête réalisée pour collecter les avis du public
".
· Sur l’Utilité Publique du
projet :
Si l’utilité publique d’un centre de secours ne se conteste pas, son extension à
des zones commerciales est beaucoup plus discutable. En effet, on ne voit pas au nom de quel principe il faudrait exproprier des propriétaires fonciers
pour permettre à des commerçants privés d’améliorer leurs affaires ou de déplacer leur activité.
Ce point a d’ailleurs été noté par la DIREN de Basse Normandie, au paragraphe 3.1
de son rapport du 19 août 2011 :
« La solution de la Déclaration
d’Utilité Publique pour acquérir ces terres peut se justifier d’un côté pour la création d’un centre de secours, sur un secteur situé plus en périphérie de la commune de Granville, mais force
est de constater que la déclaration d’utilité publique pour la création d’une zone d’activité commerciale peut apparaître plus discutable. Ainsi, l’Autorité Environnementale s’interroge sur la
pertinence de recourir à des expropriations, pour réaliser des aménagements commerciaux, dès lors que le secteur présente déjà un profil à vocation commerciale ».
· Sur la relocalisation du centre de
secours :
La demande de déplacement du S.D.I.S est principalement motivée pour les deux
raisons suivantes :
· Des locaux actuels vétustes et inadaptés, dans la zone du Ménil, au regard de l’augmentation
des missions.
· Des difficultés d’intervention en périphérie de Granville liées à la saturation de la RD 924,
dite route de Villedieu.
Le problème des locaux aurait pu être résolu en agrandissant et modernisant le site
actuel. Le terrain de cette zone est grand et il aurait été possible de reconstruire la caserne sur le même lieu ce qui aurait été bien plus économique.
A ce propos, Il aurait été nécessaire d’effectuer une étude comparative entre la
solution de la reconstruction sur place et le déplacement de la caserne au Taillais.
En ce qui concerne le temps d’intervention, avec la nouvelle implantation, il sera
minimisé en périphérie de Granville et majoré en direction du centre ville et plus encore de la Haute Ville, puisque la route de Villedieu est saturée dans les deux sens de circulation.
A cet égard, il serait intéressant de connaître la répartition géographique des
interventions passées. On peut néanmoins supposer que statistiquement leur nombre est directement corrélé à la densité de population.
Une
issue secondaire pour le centre de secours serait souhaitable pour
optimiser l’efficacité de ce service, et éviter la
gêne du trafic indépendant.
· Sur la saturation de la RD 924 dite route de
Villedieu :
Il n’est pas étonnant que cette artère soit régulièrement saturée puisqu’elle
concentre, sur son parcours et dans les voies adjacentes, la quasi intégralité de l’activité économique de Granville. Rajouter des surfaces commerciales sur cet axe ne peut donc que contribuer
à augmenter l’intensité du trafic et à occasionner une recrudescence des embouteillages.
Par ailleurs, à la circulation quotidienne engendrée par les déplacements
professionnels des actifs et ceux de la clientèle locale venant faire ses emplettes, s’ajoutent :
· Les week-ends et lors des vacances scolaires une fréquentation en provenance d’autres
départements Normands ainsi que d’autres Régions Françaises, dont plus spécialement la Région Parisienne.
· Durant la période estivale, un supplément de vacanciers originaires de l’Europe du Nord :
Anglais, Belges, Hollandais,…….., qui constituent l’essentiel de la clientèle étrangère fréquentant la région Granvillaise.
Tout ce monde transite donc par la route de Villedieu, puisque c’est l’axe qui
relie le plus directement, au moyen de l’autoroute A 84, le Pays Granvillais aux différents lieux d’origine de ces visiteurs.
En l’état actuel, et à la lumière des arguments énoncés précédemment, une 4 voies
Granville – Villedieu, à partir de l’A 84, serait beaucoup plus justifiée qu’une 4 voies Granville - Avranches.
Quoi qu’il en soit, la solution
envisagée, dans l’étude d’impact, pour fluidifier le trafic est insatisfaisante parce qu’elle risque d’aboutir à faire de l’espace Leclerc un
centre de transit, au détriment de la sécurité, comme nous le démontrerons plus loin.
· Sur la situation de l’emploi :
Pour la majorité des enseignes souhaitant s’installer sur la zone du Taillais, il
s’agit d’un simple transfert d’activité sous prétexte d’agrandissement de surfaces de vente et de modernisation. L’impact sur la situation de l’emploi
est donc négligeable voire nul.
· Sur une demande commerciale
forte :
Dans l’étude d’impact, au chapitre présentation du projet, il est fait état d’une
demande commerciale forte, qui ne semble pas corroborée par les faits.
Il est vrai que le projet initial datant de l’année 2007, il y a eu depuis la
crise, en attendant les futures mesures de rigueur et d’autérité.
En centre ville de Granville, le petit commerce vivote, concurrencé par les grandes
enseignes de la périphérie et pénalisé par les difficultés de circulation et le manque d’emplacements de stationnement.
Dans la zone commerciale de la route de Villedieu, plusieurs enseignes ont déjà
plié bagages (Go Sport, Modaby entre autres). Beaucoup de magasins sont concurrentiels et le turn over est important en raison d’une fréquentation trop faible par rapport à l’importance
des baux commerciaux.
A ce propos, il est amusant de relever dans l’étude d’impact la phrase
suivante :
« Un grand nombre d’implantations
commerciales semblent anciennes et répondent difficilement à la demande actuelle croissante de la population et principalement celle présentant le plus fort pouvoir d’achat (retraités)
».
A cela on peut rétorquer :
· Qu’il n’y a pas eu, dans le Pays Granvillais, d’augmentation significative de la population
entre les deux derniers recensements de 1999 et 2008, justifiant une extension des surfaces commerciales. Par ailleurs, les projections démographiques de l’INSEE, à l’horizon 2030 - 2040, ne
font pas état d’une forte attractivité de la région Basse Normandie.
· Que les pensions de retraite sont depuis quelques années revalorisées en fonction de l’indice
des prix, qui est sous estimé, et non pas des salaires.
· Enfin, que la manne des retraités à fort pouvoir d’achat va progressivement se tarir sous
l’action conjuguée de l’allongement de la durée de travail et de la diminution mécanique des pensions.
· Sur la diversification de l’offre
commerciale :
Selon l’étude d’impact, le projet doit :
« Répondre à la demande de
diversification de l’offre commerciale des populations résidentes ».
Il n’y a pas de diversification de
l’offre dans la mesure où il s’agit majoritairement du transfert, en un lieu commun, d’enseignes déjà existantes en divers lieux.
Le terme déplacement serait donc plus adapté que diversification.
D’autre part, ces entreprises ne sont
pas nommées au moins en ce qui concerne leur spécialité et la taille du lot qu’elles recherchent. Est-ce bien raisonnable que la collectivité investisse plus de 2 millions d’euros dans cette
zone alors qu’il subsiste des terrains disponibles dans d’autres zones (le Ménil par exemple ?
La pertinence du choix n’est pas
explicitée à l’échelle du « pays » il n’y pas d’étude globale relative à la chalandise.
· Sur l’équilibre économique de
l’aménagement :
Un équilibre économique harmonieux, supposerait de répartir les zones commerciales
sur les 3 axes principaux menant à Granville : Coutances, Villedieu, Avranches.
Dans la plupart des villes Françaises, de moyenne importance, les zones
commerciales sont disposées aux différentes entrées de la ville, afin d’être au plus près de la clientèle, et de permettre une meilleure répartition de la circulation automobile.
Il est par ailleurs paradoxal de voir les élus locaux et les acteurs économiques
Granvillais réclamer, d’une part, la construction d’une 4 voies Granville - Avranches, pour favoriser le développement économique et, d’autre part, continuer à concentrer des activités sur un
axe Granville - Villedieu déjà fort surchargé, et regretter qu’il en soit ainsi.
Rappelons également que c’est à proximité de l’axe Granville - Avranches que
doivent être édifiés les 750 habitations du futur éco quartier de la Clémentière et qu’il serait judicieux de prévoir des commerces dans un voisinage proche, par exemple à Saint Pair sur Mer où
il existe des terrains disponibles.
Le plan ci-dessous montre que l’axe Granville – Villedieu est beaucoup plus
densifié que l’axe Granville – Avranches. Il indique également le lieu où doit prendre place le futur éco quartier de la Clémentière.
· Sur la pollution sonore :
L’étude d’impact fait référence à une modélisation acoustique des diverses
émissions sonores concluant à des valeurs conformes à la réglementation en vigueur.
Or, on ne peut dans l’absolu, accorder une confiance totale à un modèle
numérique. Ce dernier nécessite, pour fonctionner, de faire certaines hypothèses quand les paramètres d’entrée ne sont pas connus avec certitude, à l’avance, ce qui est souvent le cas. Dans ces
conditions, les résultats obtenus peuvent être très différents suivant les hypothèses de base retenues.
Les valeurs calculées doivent donc être
impérativement corrélées par des mesures effectuées sur site, afin de vérifier leur validité. S’il existe une différence, ces mesures doivent permettre de recaler le modèle pour définir une nouvelle
cartographie des bruits plus conforme à la réalité.
Signalons que le niveau de précision de ces cartes est adapté à un usage d’aide à
la décision mais ne convient pas pour le traitement d’une étude à la parcelle, à laquelle seule une mesure acoustique permet d’apporter la précision nécessaire à un diagnostic
approfondi.
· Sur la gestion de la circulation et des
déplacements :
La solution envisagée dans l’étude d’impact, pour fluidifier le trafic, qui
consiste à réaliser une voirie secondaire entre la rue des Cèdres et la route de Villedieu, nous semble présenter plusieurs inconvénients majeurs :
· Un giratoire excentré par rapport à l’axe de circulation, donc potentiellement dangereux sur un
itinéraire très fréquenté.
· Du côté linéaire du giratoire, il existe un fossé et des habitations en contrebas de la route,
qui pourraient, en cas d’accident, voir des voitures atterrir dans leurs jardins.
· Pendant la durée des travaux, nécessaires à l’édification du giratoire, la circulation sur la
RD 924 serait fortement perturbée, d’autant qu’il n’existe pas, dans un voisinage immédiat, d’itinéraire de contournement. D’autre part, quelles seraient, durant cette période, les moyens
d’accès aux commerces déjà existants (La Huppe, Ambia, Bureau Vallée,………) et les répercussions économiques.
· Une forte affluence dans les commerces, avec blocage aux ronds points, pourrait gêner la sortie des pompiers en cas d’urgence. A ce propos, une sortie directe sur la RD 971 (rocade) nous semblerait souhaitable comme solution de
recours.
· Une transformation supplémentaire de l’espace Leclerc, en zone de transit de véhicules, comme
c’est déjà le cas depuis la mise en service, en juillet 2011, du prolongement de la rue du 8 juin 1944.
En effet, la nouvelle voirie est utilisée comme raccourci pour éviter une
succession de ronds-points (6 en 1400 mètres), par des automobilistes traversant le centre commercial sans pour autant réduire l’allure. Cela a déjà
donné lieu à accident, signalé par la direction Leclerc à la municipalité d’Yquelon.
Dans le rapport de la DIREN, en date du 13 décembre 2011, il est stipulé :
« La justification de la réalisation de ce nouvel accès n’est pas clairement exposée et appelle des compléments ».
Par ailleurs, aucune étude de trafic,
permettant de valider la solution retenue n’a été réalisée.
· Sur les risques
d’inondations :
La superficie de la zone est de 9.5 ha; son bassin versant est celui du Boscq dont
certaines crues sont à l’origine d’inondations affectant le centre-ville de Granville. Il n’existe pas de SAGE des côtiers Granvillais auxquels appartient le Boscq et les principes généraux de
la gestion des eaux sont ceux du SDAGE Seine-Normandie.
Le projet envisage deux solutions pour la gestion des eaux pluviales :
Le domaine privé,pour lequel l’assainissement des eaux pluviales s’effectuerait à la parcelle, par
infiltration ; dans le cas d’une impossibilité technique il serait possible de rejeter les eaux selon le même débit que celui du domaine public.
A notre connaissance il n’y a pas eu d’essai qui permettrait de valider cette
solution. Cette possibilité laxiste parait dangereuse car elle
inclinera les aménageurs à retenir les solutions d’assainissement les plus faciles à mettre en oeuvre : le « tout tuyau »
Le domaine public,pour lequel les eaux seraient gérées de façon « traditionnelle », stockage dans deux
bassins de retenue du 380 m3 au total avec un rejet limité à 1.2 litre/seconde/ hectare ; il est assez étonnant de retenir cette solution moins contraignante que celle des parcelles
privées alors qu’il existe des solutions techniques éprouvées : chaussée drainante, noues, ETC qui permettraient l’infiltration des eaux dans le sol, faisable a priori ( à vérifier)
Eu égard aux risques d’inondation du centre-ville de Granville, il est nécessaire
que cette nouvelle zone soit totalement passive en ce qui concerne les eaux pluviales et n’effectue aucun rejet dans le bassin versant du Boscq.
· Sur la dégradation
environnementale :
On notera que la création de cette zone stérilisera 9.5 hectares de terres
agricoles ! à ajouter à la bonne centaine d’hectares qui sont appelés à disparaître dans le pays Granvillais si tous les projets divers voient le jour à moyen terme.
Il est assez regrettable que le plan- masse sur lequel figure les 11 lots ne tiennent pas compte des haies existantes contrairement aux recommandations du SDAGE. Même en l’absence de contraintes
règlementaires il serait heureux d’arrêter un plan des lots mieux adapté et assurant une meilleure insertion dans l’environnement bocager du secteur.